Le savoir apporte le pouvoir, telle est la devise de la Downsview Secondary School. C’est le partage des connaissances qui permet à de nombreuses initiatives de la communauté noire du quartier de voir le jour.
Downsview abrite une importante population de Canadiens noirs. Selon le recensement de 2016, la communauté noire constitue plus de 15 % des résidents de Downsview. La majorité de cette population est originaire des Caraïbes, principalement de la Jamaïque, et parmi les autres origines on trouve des immigrants d’Afrique, notamment de Somalie, d’Éthiopie, du Ghana et du Nigeria. La majorité des immigrants antillais au Canada sont arrivés dans les années 1960 et 1970.
Sous l’impulsion de l’indépendance de la Jamaïque en 1962, les Jamaïcains vivant à Toronto à l’époque ont formé la Jamaican-Canadians Association, qui milite pour l’amélioration du bien-être et de l’équité des communautés jamaïcaines, caribéennes et afro-canadiennes.
L’un de ses rôles les plus importants est un solide programme de bourses d’études pour les étudiants de la communauté caribéenne africaine qui poursuivent des études postsecondaires dans les collèges et les universités de l’Ontario. Lancé en 2002, le programme offre chaque année plus de 30 bourses d’études dans un large éventail de domaines, dont le commerce, les arts, la technologie, l’informatique et les sciences de la santé.
Downsview offre également une occasion unique d’apprentissage aux jeunes Canadiens noirs. L’Africentric Alternative School a ouvert ses portes en 2009 en réponse à la demande de la communauté, qui souhaitait qu’on embauche davantage d’enseignants noirs et qu’on utilise plus de matériel pédagogique axé sur la culture noire. Un programme similaire, utilisant des sources de connaissances et des perspectives axées sur l’Afrique, a été introduit pour les élèves du secondaire en 2013 à la Downsview Secondary School.
L’un des enseignants, qui travaillait à cette école bien avant l’arrivée des études africaines, était l’Afro-Américain et ancien joueur des Argonauts de Toronto, Ulysses Curtis, alias Crazy Legs.
Monsieur Curtis a servi dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale avant de revenir aux États-Unis pour obtenir un diplôme postsecondaire, en Floride. C’est là que ses capacités athlétiques – dans plusieurs sports – ont attiré l’attention du club de football des Argonauts de Toronto. Sa saison de débutant de 1950 a été remarquable. Le porteur de ballon pouvait attraper le ballon et parcourir la totalité du terrain. Il était pratiquement invincible sur ce dernier. Ses jambes puissantes et son style de course avec un lever de genoux inhabituellement haut lui ont valu le surnom de Crazy Legs.
Ulysses Curtis a été l’un des premiers joueurs noirs des Argonauts, et son nom figure toujours dans le livre des records de la ligue. Selon un article nécrologique paru dans le Globe & Mail, il a établi de nombreux records pour le nombre de verges courues et les touchés, dont sept touchés dans le cadre de tournois de la Coupe Grey, en plus de deux victoires de la Coupe Grey. Lorsque sa carrière de footballeur a pris fin, Curtis a choisi de rester à Toronto. Il est devenu citoyen canadien et a enseigné dans le système scolaire public pendant plus de 30 ans, notamment en tant que conseiller d’orientation à la Downsview Secondary School, où il a également entraîné l’équipe de football masculine senior des Mustangs.
Mais l’éducation ne se fait pas uniquement dans une salle de classe. Le Parc Downsview, un espace vert appartenant au gouvernement fédéral et situé au cœur du quartier, offre un espace et des ressources pour bon nombre d’initiatives écologiques et de programmes éducatifs. Il est actuellement le terrain qui accueille le Black Farmers & Growers Collective.
Lancé en 2013 par Noel Livingston et Jacqueline Dwyer, le collectif offre un lieu de partage, d’apprentissage et d’enseignement aux agriculteurs urbains et aux néophytes du jardinage. Par exemple, il montre comment construire des lits de jardin surélevés et comment lutter contre les parasites du jardin. Monsieur Livingston, qui vient d’un milieu agricole de la Jamaïque, affirme que la saison de croissance comparativement courte de Toronto a été une expérience d’apprentissage pour lui aussi. « Tout est différent. Le climat, le sol, la nourriture. » Et une fois la récolte effectuée, les producteurs veulent être en mesure d’en conserver le maximum pour l’hiver. Madame Dwyer explique qu’ils apprennent des méthodes de conservation des aliments telles que la congélation instantanée et la déshydratation.
Les formations sont un élément important pour la main-d’œuvre, en particulier dans les métiers de la construction, où il peut être difficile d’accéder à des formations d’apprenti pour de bons emplois. Selon les données de Statistique Canada de 2011, les personnes racisées ne représentaient que 1,2 % de tous les apprentis de l’Ontario.
Une organisation qui cherche à améliorer ces chiffres est le Toronto Community Benefits Network (TCBN). Le groupe négocie des « accords sur les avantages sociaux » dans le cadre de projets de construction de grande envergure, du secteur public, ou les deux, afin de s’assurer que les membres de la communauté ont leur mot à dire sur les projets et qu’ils bénéficient également des emplois créés. Dans une entrevue accordée à l’émission The Agenda de TVO, Rosemarie Powell, directrice générale du TCBN, a déclaré que les personnes racisées constituent un « marché inexploité que l’industrie de la construction peut et doit examiner pour fournir une main-d’œuvre qualifiée aux communautés ».
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