Des pow-wow bispirituels dans le Parc Downsview aux courses de patins à roulettes queers au dépôt d’approvisionnement de Downsview, en passant par l’inclusion à l’église unie de Downsview, les personnes 2SLGBTQI+ sont aujourd’hui chez elles sur les terrains de Downsview.
Mais l’histoire des personnes queers de la région comporte également un chapitre plus sombre : la Purge LGBT au Canada.
À partir des années 1950, les membres de la communauté LGBT des Forces armées canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de la fonction publique fédérale se faisaient systématiquement exclure. Ils étaient victimes de traque, d’espionnage, de harcèlement et de tactiques d’interrogatoire musclées. On estime que 9 000 personnes ont subi de telles pratiques, lesquelles se sont poursuivies pendant plus de quarante ans. Aujourd’hui, elles sont connues sous le nom de « Purge LGBT ».
Michelle Douglas et l’histoire des personnes queers à Downsview
La vie de Michelle Douglas a été profondément marquée par la Purge LGBT. Mme Douglas occupait le poste de lieutenante dans l’Aviation royale canadienne, puis a été l’une des premières femmes à faire partie de l’Unité des enquêtes spéciales de l’armée à Downsview, à l’âge de 23 ans. Elle travaillait à Downsview lorsqu’elle a été victime de la Purge en 1989.
Soudainement chassée de la base, Mme Douglas a été interrogée pendant trois jours à l’hôtel Constellation, situé à proximité. On l’accusait d’être lesbienne, ce qu’elle a fini par admettre.
Elle a effectué des tâches administratives sur la base pendant un an, au cours duquel elle a été victime d’abus et d’intimidation de la part de ses collègues. Bien que blessée, elle ne s’est pas découragée.
Elle n’était plus autorisée à se battre pour son pays, mais elle se lancerait dans un nouveau combat, le sien. Son courage et sa détermination l’ont poussée à poursuivre le gouvernement du Canada pour licenciement et violation de ses droits en vertu de la Charte. Elle a dénoncé l’intolérance et l’inégalité dont elle a été victime. Et elle a gagné.
En octobre 1992, le gouvernement a abandonné sa politique homophobe et a mis fin à ses pratiques discriminatoires à l’égard des personnes LGBTQI+ dans l’armée.
L’automne dernier, Mme Douglas a célébré le 30e anniversaire de sa victoire, comme des milliers d’autres personnes qui, grâce à elle, ont pu faire carrière dans l’armée sans cacher leur orientation. Ce combat et cette victoire historiques se sont déroulés sur les terrains de Downsview.
À l’été 2025, un monument national dédié à la fin de la Purge LGBT et de la discrimination contre les personnes 2SLGBTQI+ au Canada sera érigé à Ottawa. Il est financé par le règlement du recours collectif lancé par les survivants de la Purge LGBT et conclu en 2018. Ce règlement historique prévoit entre 15 et 25 millions de dollars pour commémorer cette période de l’histoire de la collectivité, et jusqu’à 110 millions de dollars pour le paiement des dommages et intérêts aux survivants de la Purge LGBT. Pour en savoir plus sur le monument, cliquez ici.
Hebert Sutcliffe et l’enseignement de l’histoire à Downsview
Si la Purge LGBT a chassé un soldat de Downsview, elle en a amené un autre.
Herbert Sutcliffe, un ancien combattant décoré de la Seconde Guerre mondiale né à Toronto, s’est vu décerner le titre de membre de l’Ordre de l’Empire britannique pour ses actes héroïques à Calais, en France, en 1944. Il a rapidement gravi les échelons jusqu’en juin 1962 où, à la veille d’être affecté à un nouveau poste au Pentagone, il a été renvoyé en raison de son homosexualité.
Dévasté par son licenciement, M. Sutcliffe a même songé au suicide. Sa carrière militaire était anéantie, mais il a rapidement trouvé sa voie. Passionné d’histoire depuis toujours, M. Sutcliffe s’est inscrit à l’école normale d’instituteurs et a obtenu un poste d’enseignant d’anglais et d’histoire à la Downsview High School.
Son départ de l’armée aura grandement bénéficié à Downsview; M. Sutcliffe a eu une incidence exceptionnellement positive sur ses élèves. Ses anciens élèves n’avaient que des éloges à son endroit.
Ils nous ont confié qu’ils ne rataient jamais ses cours d’histoire. C’était un « homme et un professeur extraordinaire, un être gentil et attentionné », quelqu’un qui « était toujours bien mis et qui nous parlait avec respect », ainsi qu’un « modèle intéressant, compréhensif et positif ».
M. Sutcliffe est décédé le 17 août 2003, des décennies après l’affirmation de son homosexualité. Il a déclaré : « J’en suis arrivé à un point où je ne m’excuserai pas d’être gai. Cela fait partie de moi, et je l’assume. »
Pour en savoir plus sur la vie remarquable de M. Sutcliffe, consultez l’article dans Moments Déterminants Canada, accessible ici.
À l’instar de l’histoire militaire du Canada, celle de Downsview est complexe et nuancée. Dénoncer les injustices permet d’avancer. Des gens comme Michelle Douglas continuent de travailler à la pleine inclusion des personnes queers dans la fonction publique fédérale, et des militants et des alliés à Downsview et ailleurs, tirent des enseignements et s’inspirent du passé pour construire un avenir plus inclusif.
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